LE CANADA EXPORTE PAR MILLIONS LA CRUAUTÉ ENVERS LES ANIMAUX
(Article original publié dans HuffPost le 23 novembre 2018 ; mis à jour le 14 juin 2022)
Le transport d’animaux d’élevage sur de longues distances, le plus souvent par bateau, fait l’objet d’un examen approfondi de la part des organisations de défense des animaux et de la société en général depuis que les premières preuves de ce que les animaux endurent pendant le voyage ont commencé à apparaître en 2003.
Certaines organisations, comme Animals Australia, mènent une campagne intensive sur la question, publiant chaque année des preuves troublantes. Les images de l’enquête la plus récente de cette organisation sur les moutons destinés au Moyen-Orient sont poignantes, mais typiques, et montrent des animaux entassés si étroitement que nombre d’entre eux ne peuvent atteindre ni nourriture ni eau, ni même s’allonger pour se reposer. Selon Animals Australia, les conditions sont propices au désastre : « Chaleur extrême, épuisement, mer agitée, mauvaise ventilation et millions de litres de déchets non traités, et un voyage typique d’exportation d’animaux vivants devient rapidement la tempête parfaite pour la mort et la souffrance. »
Certains des plus grands pays exportateurs ont mis fin à cette pratique.
En réponse à l’inquiétude et à l’attention croissantes du public, certains des plus grands pays exportateurs ont mis fin à cette pratique, parfois temporairement, parfois définitivement. La Nouvelle-Zélande a effectivement interdit l’exportation d’animaux vivants à des fins d’abattage en 2007 après qu’il ait été révélé que 4 000 moutons étaient morts sur un navire à destination de l’Arabie saoudite quelques années auparavant.
Les autorités australiennes ont temporairement suspendu les exportations d’animaux vivants vers un certain nombre de pays, notamment l’Arabie saoudite en 2003, l’Égypte en 2006, l’Indonésie en 2011, Gaza en 2013, la Jordanie en 2014 et certaines installations au Viêt Nam en 2016. Chaque suspension a fait suite à la diffusion de séquences montrant des conditions de transport inhumaines ou des abus horribles dans les abattoirs à l’arrivée dans le pays de destination.
La FAO des Nations unies classe le Canada au troisième rang des exportateurs d’animaux d’élevage vivants dans le monde.
Bien que moins connu, le Canada est l’un des principaux exportateurs d’animaux vivants dans le monde. Les données de 2017 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture classent le Canada au 3e rang des exportateurs d’animaux d’élevage vivants dans le monde. Selon les données d’Agriculture Canada, en 2020, le Canada a exporté plus de 18,5 millions de poulets, dindes, bovins, porcs et moutons vivants. La volaille représentait la grande majorité avec plus de 12,5 millions (les poussins et les dindonneaux constituant la plus grande proportion). Les autres animaux, comme les bovins, les porcs et les moutons, qui ont été exportés généralement vers les États-Unis pour y être abattus ou engraissés (un plus petit nombre étant destiné à la reproduction), représentaient près de six autres millions.
En 2020, le Canada a exporté plus de 18,5 millions de poulets, dindes, vaches, porcs et moutons.
Les statistiques du gouvernement du Canada (basées sur l’année 2017, la dernière disponible) montrent qu’environ deux millions d’animaux ont enduré des voyages extrêmement longs, parcourant des milliers de kilomètres en bateau ou en avion cargo vers des pays où il n’existe que peu ou pas de réglementation en matière de bien-être animal.
Le sort de ces animaux peut être grossièrement divisé en deux groupes. Le premier groupe comprend ceux qui sont tués dès leur arrivée, comme les 1 708 chevaux envoyés au Japon en 2020, dont la viande est consommée crue en tant que mets délicat appelé basashi, ou les moutons et les chèvres destinés à Singapour et à d’autres pays, où ils sont tués en grand nombre lors de festivals annuels en étant égorgés alors qu’ils sont pleinement conscients.
Le deuxième groupe est constitué d’animaux exploités pour leur potentiel de reproduction. Il s’agit notamment de jeunes cochons femelles envoyés en Chine, où elles sont entassées dans des caisses en métal et en béton dans des fermes industrielles de grande hauteur et forcées de produire porcelet après porcelet ; et de jeunes vaches laitières transportées par bateau en Russie et au Kazakhstan, où elles sont inséminées artificiellement à plusieurs reprises pour se voir retirer veau après veau afin de rediriger leur lait vers les humains.
Les quelque 40 millions d’œufs fécondés de diverses espèces exportés par le Canada ne sont pas inclus dans ces statistiques déjà stupéfiantes. Les informations sur ce qu’il advient de ces oiseaux semblent particulièrement évasives, mais elles pourraient inclure un mets délicat appelé balut, dans lequel un embryon d’oiseau (généralement un canard) sur le point d’éclore est bouilli vivant et mangé dans sa coquille.
Le gouvernement canadien a annoncé dans son budget 2017 son intention d’augmenter les exportations agricoles, y compris les exportations de produits vivants, de 40 % d’ici 2025, et selon les mises à jour fournies dans cet article depuis sa publication initiale en 2018, le Canada est en passe d’atteindre son objectif. Les politiciens et les dirigeants de l’industrie canadienne sont particulièrement désireux d’accroître leurs parts de marché en Chine. La presse agricole couvre avec enthousiasme les missions commerciales les unes après les autres, les représentants de l’industrie se joignant aux ministres fédéraux pour des voyages coûteux à l’étranger. Depuis la publication de cet article, l’exportation de produits vivants fait même partie des stratégies de développement des aéroports fédéraux du Canada, l’aéroport d’Edmonton sollicitant ouvertement des « relations stratégiques » avec des entreprises canadiennes d’élevage de porcs. Chaque semaine, l’aéroport voit passer 1 à 2 Boeing 747 chargés de 850 à 1 700 porcs reproducteurs qu’il achemine vers l’Europe de l’Est. Une fois sur place, les porcs passent leur vie confinés dans des caisses de gestation, forcés de produire des portées de porcelets les unes après les autres.
Alors que des pays comme l’Angleterre, l’Australie et la Nouvelle-Zélande se montrent de plus en plus critiques à l’égard de l’exportation d’animaux vivants, le Canada poursuit sa course vers le bas, cherchant de nouveaux moyens de tirer profit de l’exploitation des animaux.